Arcades-Institute

espace culturel de création

Exposition Aken 1 d'AxL à découvrir jusqu'au 13 mai 18h

Exposition Aken 1 d'AxL à découvrir jusqu'au 13 mai 18h

A lire l'article ici l'article de la NR sur l'exposition (parution le 10/05/2022

Exposition Aken1 d'AxeL. du 3 au 13 mai 2022

De 14h à 18h

Entrée libre

Arcades Institute 

8 place de la monnaie tournois 

37000 Tours

 

 

« Premier tableau, fin d’été, soleil à fond les manettes et du noir parfaitement étalé. Je regarde. Dessus, ce qui ressemble à une fleur de pissenlit. Pas plus, pas moins. Surtout pas plus. Donc, plutôt moins. Et de l’orange qui claque comme une opposition à ce fond faussement superficiel. Il faudra donc s’en méfier. A terre, une boite de tubes de peintures neuve et brillante, laquée. 

Avant tout, préciser que l’expression picturale est chez AxL directe, immédiate, intuitive. Certes des dizaines d’esquisses pour mettre en place une composition dont le tour de force est qu’elle est toujours, cette composition, différente malgré des formes à peu près identiques. Le sujet est le même et son art de la composition poursuit le reste. 

Mais je dirai que la question n’est pas là. 

Axl est l’une des rares plasticiennes que je connaisse à poser des fleurs - précisément des akènes, fruits secs du pissenlit, à graine unique - sur un fond noir lisse et mat. Rebords compris. Le contraire des pastels, des petites aquarelles fluides, des fins fusains où le fond blanc ou bien d’un bleu faisandé et douteux, rappellent bien trop la nature. Le beau ciel. Les jours heureux ! Et le dimanche pour assurer tout le monde d’un ennui profond. 

Alors, la question est : pourquoi une fleur orange sur un fond noir ? Pourquoi un fond noir pour une fleur orange ? Toujours le même.

A tous ceux qui s’empresseront de croire en un quelque chose de morbide, en un petit rien entaché d’une idée de la mort, ou bien à tous ceux qui penseront que le noir est le fond idéal obsessionnel pour que ressorte une couleur chaude et qui claque, nous pouvons dire qu’ils n’ont là qu’une simple interprétation de surface. Un vernis de critique. Pas inintéressant mais à côté du propos. 

La réalité peut être la suivante. Puisqu’on est, avec Ax.L, assez loin de la petite fleurette, voire très loin, c’est qu’elle veut nous dire quelque chose qu’elle ne peut pas dire autrement. Qu’elle ne perçoit peut-être même pas. Tout est si loin et si proche avec le noir ! Eliminons le noir comme pur et simple révélateur. Il reste alors le noir comme une sorte d’écrin, protecteur et englobant, partout et nulle part étalé, uniforme et statique. Un noir de marbre. Un marbre mat. Un marbre impoli et qui enquiquine parfaitement bien notre regard, surtout celui des gros mateurs d’expos.

Pour elle, je crois, « le noir est le refuge de la couleur », pour le dire avec Bachelard, un refuge qui montre le fond des choses en ce qu’elles sont profondément enfouies. Vitalement enfouies. Viscéralement enfuies...aussi ! Là-bas ! Et même au-delà du Pacifique sud...

Alors, oui, AxL. a du talent, beaucoup de talent parce qu’elle a de la sincérité, beaucoup de sincérité sur ce qui fut, qui demeure et qu’elle surmonte. Ce qu’elle peint, c’est elle, mais il y a si longtemps. C’est elle, aussi, aujourd’hui. Aussi, aujourd’hui. 

Pourquoi ? Parce que ses akènes sont des ouvertures sur ce passé qu’elle libère, c’est de la liberté à l’état presque sauvage, de l’envie de liberté à l’état nature. Ses akènes – étymologiquement ce qui ne s’ouvre pas en botanique – ont besoin de ce noir, de ce passé, de cette fonte existentielle et rouillée pour éclore et vivre librement leur vie. Ils vont loin, ses akènes, puisqu’ils s’envolent par-delà la toile, sur les côtés, sur la tranche, par le haut par le bas. 

C’est dire le désir d’ailleurs. Mais d’un ailleurs intérieur et libre. 

Besoin de ce noir qui permet à de liberté de s’envoler, voici la vision d’AxL ! De dire merde avec une délicatesse infinie à toutes celles et tous ceux qui n’ont rien compris et qui ne comprendront jamais rien. Je dirais volontiers, en reprenant Elsa Triolet, que « le passé a des blancs qui sont noirs » et qui, chez Ax.L, prennent la couleur orangée, le temps d’un temps suspendu puis d’un temps retrouvé. Enfin. »

 

Bruno Lavillatte

 

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