Arcades-Institute

espace culturel de création

La culture oubliée de la campagne La NR 15 avril 2017

Jame Session 2017 " Le Kollektiv Galaxy " à Arcades Institute.

Jame Session 2017 " Le Kollektiv Galaxy " à Arcades Institute.

Le très peu de place accordé à la culture dans la campagne inquiète les artistes, directeurs d’institutions publiques, intellectuels. En Touraine aussi !

Évidemment, les candidats à l'élection présidentielle ont des propositions culturelles dans leur programme. Plus ou moins développées. Pourtant, dans les débats, la culture n'est que très peu abordée. La NR a demandé à des artistes, des intellectuels, des directeurs de compagnies, d'institutions publiques, installés et travaillant en Touraine, leur ressenti face à ce quasi-néant.
Tous se disent « inquiets » ; d'autres carrément « flippés », comme Stéphane Titéca, comédien, metteur en scène, dramaturge, directeur de la Tite Compagnie ; d'autres, enfin, sont atterrés par le manque d'une « grande vision », « de projets communs et d'avenir » : tels Jacques Vincey, metteur en scène et directeur du Théâtre Olympia (Centre dramatique national de Tours) ou encore José Manuel Cano Lopez, directeur de compagnie théâtrale (le Groupe K) et du château du Plessis, lieu de création, de résidences et de diffusion.

Pour Dominique Jauzenque, responsable avec sa sœur Cécile et son frère Jean-Pascal, de la salle de spectacles et lieu de création Arcades Institute dans le Vieux-Tours, « la culture est encore et toujours considérée comme un supplément d'âme, la cerise sur le gâteau. Dans cette campagne, plus que jamais. 
« C'est très dommage, car les projets culturels permettent de vivre mieux ensemble. Les artistes anticipent le monde de demain. Donc, d'un point de vue purement stratégique, on devrait considérer la culture comme une priorité absolue. » 
Jacques Vincey insiste, lui, sur « le manque d'une vraie vision, d'un souffle qui permet d'entrevoir le monde de demain. La culture, comme l'éducation, devrait être considérée comme un objet central et non pas comme une occasion de panser les plaies ou de s'étourdir.

" Où est le vivant ? "

« En tant que directeur du Centre dramatique, je vois, au contact du public, des artistes, un désir, une appétence pour l'art. La culture peut être accessible à tous. Il faut s'en donner les moyens. Voir comment le sujet est autant marginalisé dans la campagne, c'est inquiétant. » 
Inquiétude aussi chez Stéphane Titeca : « Les candidats nous proposent de rester sur un statu quo. Alors que la réalité est déjà triste : on n'en finit pas de réduire les marges de manœuvres des collectivités locales qui font encore vivre la culture. 
« Je me demande vraiment ce que va devenir le spectacle vivant, surtout quand une grande partie des candidats parle du patrimoine en parlant de culture. Où est le vivant là-dedans ? » 
José Manuel Cano Lopez souligne « la singularité de la France car c'est le pays qui a le plus grand passé en niveau de politique culturelle. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a un lien très fort qui lie le politique et le culturel. 
« N'oublions pas que le Conseil national de la Résistance, dont Jean Moulin était le président, a pensé à un programme culturel pour l'après-guerre. Ils l'avaient appelé " Les Jours heureux ". Ce programme a débouché sur la politique de décentralisation culturelle, ce maillage de structures, de lieux dans les régions. Le regard sur la culture dans la campagne n'est pas à la hauteur de notre histoire. » 
Maud Le Floch, directrice du Polau (Pole des arts urbains), plateforme de soutien et de mise en œuvre de projets et d'études associant démarches artistiques et enjeux urbains, pense qu'il faut repenser l'approche culturelle : « L'art et la culture doivent sortir de leurs boîtes. Il faut penser l'art et la culture à tous les étages des politiques publiques. Ainsi, il faudrait installer une mission culturelle aux ministères de l'Environnement, à l'Éducation, à la Ville et au Logement… 
« La valeur émancipatrice de l'art et de la culture, ce n'est pas dit dans la campagne. C'est dommage qu'on n'en parle pas mieux. »

Delphine Coutier La NR du 15 avril 2017
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